vendredi 1 avril 2022

Les premiers ateliers 2022

 Atelier du mercredi 19 janvier 2022 avec Delphine. 

Consigne 1 le mot tournant 

grève trêve écume des jours bipolaire aux confins de l’Aurore pétarade renouveau tigre de papier sur fond rouge garance Abel Gance

Le mot des autres : mer, bateau, mouettes mélanocéphales, fête, platine, effusion.




 

Consigne 2 : Miss Islande livre de la réalisation de soi A partir des titres de chapitre de ce roman islandais, où l’héroïne se nomme Hekla, rédiger un texte 

volcanique beauté (en tout petit) 

je n’ai même pas de numéro 

rideau 1 rideau 2

 la 23e nuit 

c’est du travail d’être poète 

le blanc 

miss Aurore boréale.

 

C’était ma préférée. Parmi mon trio de plus savantes, je trouvais qu’Hekla avait les yeux les plus beaux ! Notre première rencontre pleine de soubresauts, nos premiers regards échangés au hasard d’une banquette de train un peu élimée. « Je n’ai même pas de numéro », protestait-elle. Pourtant le rideau garance s’ouvre à chaque spectacle sur un époustouflant festival, une éruption de joie, une effusion de rires. Les puces se réveillent, elles étincellent puis le rideau referme comme les coulées de lave rougeoyantes se ternissent et redeviennent minérales.

La 23e nuit de représentation dans la capitale de l’Islande, un poète s’est arrêté. Ses cheveux platine tranchaient avec la tête d’ébène d’une mouette posée sur son épaule. Il fusilla du regard Hekla et, sans prévenir, jeta des paillettes de flocons blancs au milieu du plateau circulaire. Cette 23e nuit aurait pu être déjà le 23jour car la différence n’était pas si perceptible. Frange de bleu un peu plus claire : « et voilà Miss Aurore boréale ! » Je jouais mon rôle de Monsieur Loyal, mais les marins préfèrent leur bateau et la mer, comme ma puce déloyale, partie pour un poète et sa mouette.

Ô craignez ma colère volcanique.

Demain j’ouvre un cirque de tiques.

 

Blandine

 

Consigne 3 : où ? 

Lionel Rey « et je me demandais : où est ta place dans la rose ? Où vont tes pas dans la vie ? Quelles paroles te parlent ? Quelle nuit se pose sur ta bouche comme un océan de soleil ? Par quel chemin es-tu entré dans la chaleur ? » 

Répondre aux questions en utilisant des couleurs rose jaune et bleu

 

Je suis sur la page d'un conte d'enfance

 là où le pétale est berceau

Où le pouce sert à mesurer Poucette et Poucet

Pouce fripé, pouce flexible, empreinte digitale où perle une goutte de sang. 

Traces de pas sur le colimaçon.

Les paroles me parlent des fées, de fuseaux

Les paroles ont des ailes vertes avec des reflets de ciel, pareilles à

Celles des demoiselles sur la berge.

 

J’attends le crépuscule, avec des heures asymétriques

Et je trouve l’aurore

Une porte levantine

Sans verrou

Ni gond

Ni huissier

 



Consigne 4 les îles abandonnées 

Déterminer une courte liste des causes d’abandon puis des causes permettant de les habiter à nouveau.

 

L’île qu’on abandonne est pleine de moustiques, fourmis, nonos, cancrelats, boas constrictors ou dragons de Komodo.

L’île qu’on abandonne a le dos rond et son souffle chaud dit qu’elle ne sommeillera plus longtemps. Elle surgit, elle croît et s’effondre. Déjà désertée depuis longtemps. 

 

L’île qu’on retrouve propose une eau pure décontaminée. L’oubli des voitures et des tramways.

L’île à qui l’on pardonne le séisme, la lave, les eaux devenues montagne, parce qu’on oublie vite.

 

Étape 2 : Choisir la contrainte pour une autre personne : je propose « l’île qu’on quitte est pleine de boas » A cela ajouter un tautogramme en B et WA pour décrire une nature très vivante.

 

Consigne donnée par Nina : abandon pour cause d’érosion ; rédiger donc un texte aux phrases et mots courts.

 

Volcanique péninsule crépusculaire métamorphosant le septentrional hémisphère !

D’abord presqu’île paradis pérenne que la pleine lune ou Proxima du Centaure punirent

Jadis insula inutile cratère crachant les cheveux de Pelé

Ci-git l’île nue, ses lacs la mer vide où roc est un grain de sel qui font dans l’O.




 

Consigne 5 : La sculpture du voyageur du soleil

 

Il y a des choux tout ronds un peu paumés

Il y a des potirons et des potimarrons marbrés

Ils disent croissant de lune mais pas tranche de soleil

Ils disent que les oignons font pleurer mais pas l’ail dont le pluriel fait aulx

On voit bien mieux les yeux fermés

On entend la soupape qui se met à tourner

Il y a des creux dans la table de bois

Dire que c’est pour y verser du bouillon !

On dit que même les Vikings en ont soupé

Ils auraient apprécié des potages lyophilisés plutôt que la corvée d’éplucher les patates

Rendez son œuf à Colomb et la découverte de l’Amérique 

aux voyageurs du soleil de minuit.

Bb

 

Le rituel des choses qui :  font prendre le large

Le XL enfin on va dire le style Overside 

un ciré de marin 

une bouteille de rhum vidée : on peut désormais y glisser…

 la fameuse carte au trésor





 

Atelier d’écriture du 2 février « on est large ! »

 

1/ Le mot tournant : large marge Marjorie majorettes barge fou de Bassens Ouessant horizon s’amenuiser menu du jour lune décroissante étoiles filantes queue de comète prédictions à la louche

Les mots des autres : plancher marque-pages balle l’argent accueillant à bon port paupières océan charge

 

Consigne 2 : « On n’en mène pas large » 

Rédiger un poème avec les 50 mots les plus fréquents de la langue française.

 

« Je » est un être

Comme lui

Mais pas vous

« Je » a du son, du se, du pouvoir, 

du allez vas-y !

Mais pas elle

« Je » fait plus que dire, 

plus que voir 

je sans tu, sans elle 

et sans vous 

va bien

un homme dit « je »

deux hommes font « tu »

« je » est un homme comme elle et

c’est tout.

 

Consigne 2 : « Un jour, on prendra le large, disait Bérénice »

Avec le vocabulaire de Racine : Généreux diligence siège chargé négligence présage visage  et la consigne de faire un texte « pressé quelqu’un comme un citron »

 

       Bien tristes vainqueurs généreux

       Auriez-vous avec diligence

                                     Perdu le siège à mes yeux

                      Décharger ou charger la mule

                Au trot lent de la négligence

                                 Perçant du présage la bulle

             Caravane des sans visages  

Les perdants l’ont amère ; quel langage !

 

Consigne  3 : La Cerisaie de Tchekhov : écrivez-moi la Cerisaie avec le mois de mai, une chambre d’enfant avec vue sur un verger de cerisier, une demande de voyage…utilisez les sons du mot bagages.

 

Au mois de mai 1946, la fenêtre du dortoir des enfants donnait en partie sur le potager du grand-père, déjà bien travaillé : bêché, biné, ensemencé, repiqué, arrosé et vérifié, feuille à feuille, pousse à pousse, larves écrasées entre ses doigts ou céphalopodes envoyés au large chez le voisin.

L’autre volet du tableau découpé par le rectangle de la fenêtre aurait dû montrer le cerisier de ma naissance, on avait déjà dépassé le temps du Hanami… 

 

Mais le cerisier n’est plus.

Boum Bam 

Ce bidule blanc dans le bleu 

Les bois, les buissons, le brasier 

Débandade, pas besoin de bagages 

Béance débris en orages. 

Abattus sans bagarre

 

Le mois de mai est beau sur la rivière Otagawa à Hiroshima.

                                                                            bb


 

Consigne 5 : Jeu des trois poèmes fondus(d’après Gaston Miron L’homme repaillé ) 

dont les titres seront : 


1 Frange 

 

Lucide avec l’aube

Sommes-nous des déchirures

Frange dans la chair

 

2 Le dos large 

 

Nos adieux ont le dos large

L’autre versant de la peur

Je l’ai compris de toi

 

3 le manège

 

Manège des satellites

Largués aux confins

Silence au faîte solaire

Camarades de pensées

Camarades de paroles

Camarades de rumeur

Nous formons le bas-côté de cette époque

De mauvais espoir et de foi caressée

 

Le rituel des mots qui emballent le manège du désir

Osez Joséphine 

Mon manège à toi c’est moi

Les moulins de mon cœur

La Javanaise

La Valse à 1000 temps





Atelier du 27 mars 2022 ou le club de lectures

Consigne 1 : des titres / des œuvres, point de départ 20 000 lieues sous les mers …

Le Petit Poucet / Cendrillon /Tristesse et Beauté /Le lac /Fin de combat : Min Kamp /Dein Krampf /Les Schtroumpfs /Ô my boy /Les étranges dossiers de Fremont Jones /La petite Fadette /La peau de chagrin /Nagori /Louange de l’ombre

 

La patience des traces de Jeanne Benameur (conseil lecture de Delphine)

 

Consigne 2 : donnez-nous envie ! ou notre éloge en tant que mauvaise lectrice… avec amplifications, antithèses etc.

 

Pour la plupart de mes lectures, je préfère suivre d’instinct le hasard d’un conseil ou ce qui est disponible chez le bouquiniste du dimanche. D’ailleurs c’est sur les brocantes de la Réunion que j’ai trouvé les plus belles pépites, toutes les personnes bientôt mutées se pressant d’alléger leurs valises avant de « sauter la mer » comme on dit en créole. Moi j’ai sauté l’océan, les caisses remplies de papiers, titres, poèmes, et romans dont, pour la plupart, je ne connais pas le nom des personnages. 

Honte, anathème, culpabilité, incapacité, négligence, indifférence, je ne lis jamais le nom des personnages. Chacun d’eux est une petite image alphabétique, un visage littéralement que je reconnais sans le labialiser, l’articuler ou le faire sonner en bouche. Et pour cause : jamais je n’ai besoin d’appeler le personnage sur le trottoir ou dans la rue. Je ne le croise pas davantage, et s’il prend un jour une apparence physique lors d’une adaptation filmée, me voilà déçue !

J’aime son poids de papier, son inconsistance dans mon imagination. Je le suis avec passion et puis je l’oublie. Aussi volage en littérature que fidèle dans ma chair. 

Or je suis depuis des mois acoquinée avec un certain Karl Ove, lequel est mon conscrit. Comme moi, sa famille est nombreuse. Et je vis avec lui, des nuits et des nuits ; je ne le quitte jamais ; tome après tome, il me suit dans le métro, le bus, en cours, en vacances. J’arrive au dernier volume, le sixième, à la page 1125 exactement et il y en a en tout 1509.

Je panique, je ralentis, je saute des lignes, je reviens sur mes pas, je corne une page. J’achète deux autres textes de lui, extérieurs à cette série, pour ne pas me sentir abandonnée avant de  l'être vraiment. Je prends congé de sa vie, le temps de recopier des pages ou des phrases ou une référence à un artiste. Je parle de lui à tout le monde mais bizarrement jamais vraiment bien, comme si je voulais le garder pour moi et ne partager que mon plaisir de lecture, sans l’émousser à l’expliquer, ici ou là.

 

Consigne 3 Détournement Eduardo Berti, oulipien Demain s’annonce plus calme. Choisir l’un des titres de notre entrée en matière pour le détourner au profit d’un texte.


D’abord j’ai lu le récit qu’en fit Hemingway ; à quel âge ? entre 7 et 10 ans, où ? dans la bibliothèque de la MJC de Bron, banlieue pavillonnaire de l’agglomération lyonnaise ; puis j’ai vu le film en noir et blanc « The Oldman and the Sea », terrible, et jamais vous ne me verrez pêcher un poisson. Enfin j’ai découvert en 2001, à sa sortie en France, le long-métrage d’animation de Alek Petrov, tout en aquarelles ou bien à l’encre mais traitée à la façon du lavis.

En 2022, j’aimerais revenir sur une autre version, celle que je nommerai « Le vieil homme et ma mère ». Comme toutes les autres, elle est âpre, désespérée. Elle parle du courage, de celui qui reste assis dans sa barque, avec un rêve trop grand pour lui. Avec sa foi, avec les lois de la Nature, c’est-à-dire, tout ce qui, au contraire, nous porte à renoncer à l’idée qu’il y a une force supérieure, et qu’elle est juste.

Ce n’est plus une Nouvelle mais le Roman d’une Vie, et chacune, un matin, touche au port. 

Quand les marins quittent la noirceur du large, que le quai laisse arguer les chatoiements des foyers, alors le vieil homme semble revenir du Royaume des Ombres. 

Sans doute n’est-il plus un vieil homme, mais un Homme.




 

Consigne 4 : Pausetexte libre pour faire reconnaître un livre (donc assez célèbre) mais une petite contrainte tout de même : utiliser les mots : « crevettes végétations état second opéré agenda aussitôt un bol les choses sont simples »

 

Très méthodiquement, Dieu prit son agenda pour planifier la semaine. Les choses sont simples, et pour lui lumineuses ! Pas un verbe de trop : aussitôt dit, aussitôt fait. 

Sa façon d’opérer est de désigner d’un mot ce qu’il souhaite créer. Depuis, bien des spectacles de magie procèdent de même manière. 

À la fin de la semaine, on voyait dans la végétation primaire, deux êtres qu’on pourrait qualifier pareillement. L’un se distinguait par sa crevette et l’autre était plutôt « coquillage » mais la décence (qui jadis n’existait pas) m’oblige aujourd’hui à ne pas préciser de quel mollusque il s’agissait.

Ah j’oubliais ! Il y avait aussi un arbuste du genre fruitier et, pas de bol, un reptile qui l’habitait, façon caducée.

L’épisode suivant, je l’ai zappé mais je me souviens cependant que dans leur état second les protagonistes durent urgemment chercher un magasin de vêtements et, pour fêter la création de la mode, Ève offrit à Adam des chaussures en peau de serpent.

 

Consigne 5 inspirée par Lettres aux jeunes poétesses

parmi lesquelles a écrit Rébecca Chaillon.

Rédiger une lettre à soi-même en tant qu’écrivaine mais en veillant à rester dans le fictif.

 

 

Chère toi,

 

             Si tu étais du sexe masculin, crois-tu vraiment que ton écriture en serait métamorphosée ? Oublie les Notes de chevet et sors l’artillerie, je ne vais pas écrire la grosse Bertha ! Cela manquerait déjà de virilité, malgré le contexte belliqueux. 

Tiens ! On commence par un meurtre, c’est bien, par strangulation. Cela t’évite de décrire le sang caillé ou dégoulinant. On sera tout de suite dans le bleu, l’ecchymose, la force et les traces qu’elle laisse à l’intérieur des mémoires.

Le trope du polar pourrait te convenir. Avec un héros antipathique. Riche. Rien que cela pourrait suffire, surtout si ça provient d’un trafic de mines anti-personnel. 

Donc un héros à la fois crapuleux dans sa vie privée et misanthrope dans ses activités parallèles.

Et puis resserre ton vocabulaire bordel ! Tiens c’est mieux, tu peux mieux faire encore, en matière de jurons : bordel de bois ? Putain de bordel de chierie de vérole à queue ! Ça sent la testostérone. 

C’est comme ça que tu vois les hommes ? Et Christian Bobin alors ?

Lui, ça compte pas : il vit à la campagne. Tu connais le Creusot ? Il paraît qu’il y a un théâtre remarquable et une Scène Nationale. Et puis d’ailleurs, ta cousine hier, elle t’a parlé de ce spectacle, Room, avec le petit-fils de Charlie Chaplin et ?

Arrête que je vais t’étrangler ! Voilà : ma main gauche saisit ton poignet droit. Je te menotte, je te ligote, je te fais taire. On revient à notre incipit : « le cou percé de cinq trous qu’on aurait dit faits avec des pointes de fer » mais ce n’est pas de toi, c’est du Maupassant : je t’ai pris.e la main dans le sac.

 

Justement les Notes de Chevet avec les Choses qui… font un beau titre :

 

Un vers volé à un poète 

Un mot japonais 

Un prénom de marquise 

Une interronégative ou un proverbe détourné 

Le vocable étrange d’un meuble IKEA

La malice de clémentine Melois





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