lundi 16 août 2021

All over… A l lover

 

Pour visiter l’exposition Favier, il fallait prendre le train pour Valence. Occasion de lecture…J’avais choisi deux livres et je n’en ai lu qu’un : Le musée du silence d’Ogawa. Le narrateur est un spécialiste de la création de musées insolites, débarquant dans une étrange campagne où la maîtresse de lieux a tout l’air de Babayaga ou de la sorcière dans Le voyage de Chihiro, sinon qu’elle est microscopique. Sa fille adoptive symbolise au contraire l’innocence ; d’inattendues coutumes dans ce village : la sculpture sur œufs, l’imposition liée à la grandeur des oreilles (d’où les mutilations pour échapper aux taxes) ; d’autres usages plus communs comme la pratique du baseball. 

 

Les livres d’Ogawa ont toujours en arrière-plan une odeur de décomposition. Comme si l’autrice, par le sentiment du dégoût, nous rapprochait plus vite de l’impression que ces univers sont réels. 

Philippe Favier pratique aussi beaucoup l’allusion à la mort mais il me semble que ses œuvres ne sont jamais organiques. A part les encres sur cristal dans lesquelles un pétale de rose est serti d’obscurité.*




Les squelettes jouent à la marelle ; les boîtes-cercueils ne piquent pas des papillons au formol mais des nuages ou des diablotins. Son œuvre est une succession de vanités où les crânes sont déjà blanchis ; capables de plaisanteries, ainsi débarrassés des chairs ou des angoisses devenues objet !  Madame la Mort revisite aussi les albums photos. Les têtes des généraux ou des religieuses font des clins d’œil irrévérencieux à la manière de Prévert. 







La sculpture qui serre le plus le coeur est un assemblage de deux chaussons rose et bleu, donc dépareillés mais semblablement exposés en dessous du visage d’un enfant dont les yeux ont été remplacés par de faux cils si touffus qu’on dirait plutôt des pastiches de moustache.

Il y a d’ailleurs ce diptyque aux enfants qui se tournent le dos… oui l’enfance est plus triste que les danses macabres ou les parties de foot détournées en trompe-la-mort.









 

Alors on enfourche un tracteur ou une bicyclette, on propose des dessous en dentelles aux belles dénudées d’un tableau ou d’un marbre du musée.








Malice et plaisir du détournement, de l’écho, de l’intrusion All over… A l lover





 * Et le trophée du lapin...




 

1 commentaire:

Du côté de chez Ma' a dit…

Cette exposition est tellement dense que j'étais ravie d'avoir la chance de pouvoir la voir deux fois. Il y a tant à découvrir dans les détails que cela donne presque le tournis.
En tous cas, j'aime beaucoup la façon dont tu as décomposé le nom "All over… A l lover"....