Atelier Saint-Louis du 21 avril
Poissy, ville de naissance de Saint-Louis.
Consigne 1 : Sous l’armure il y a quoi ? Des lacets des silices, fil d’or ou de torture, de la douceur,
du rêve tendre, la fragilité. (bb)
Un sous-vêtement, un cœur, une faille, un homme, des faiblesses, des sentiments,
des peurs, des souvenirs, du baume (Nina)
Le dernier mot des autres : intrépide, un cœur pacifiste, une caisse automatique,muscles et gras. L’au-delà. Les roubignoles du Destin. Un cœur pur. Des battements.
Consigne 2 : Oyez ! Oyez ! Récrire en vers l’histoire de deux chevaliers de Louis IX
piteux partis en quête du Graal
Levons sos verres à Karadoc !
Oyons la gloire de Perceval !
Qui ce jour rapporta le Graal
D’aucuns diraient qu’il est en toc
Or il fallut maints coup d’estoc
A nos chevaliers valeureux
Maints coups de canon dans un boc
Pour aller pêcher à l’anguille
Les secrets écrits en hébreu,
Étouffés en botte comme aiguille !
Voici le vase nu comme un œuf
Qui fera l’extase de Louis IX.
(bb)
Perceval et Karadoc
Au milieu du Languedoc
Sont partis comme deux rocs
Rechercher un Graal non plastoc.
Sur le chemin ils rencontrèrent
Un sage du nom de Pierre
Qui leur donna indice cher
Digne des saints et de l’enfer
Leur route ils poursuivirent
Et devant un lac glacé ils virent
Deux dragons et bien les pires !
Mais bien sûr qu’ils vainquirent.
En cadeau, la populace
Pour ces deux hommes de cuirasse
Fit don d’une coupe pleine de crasse
Par politesse et respect
Pour ces âmes et corps défaits
Ils firent semblant, stupéfaits
Que cette coupe sacrée était :
Le Graal tant espéré
Ah ! Des cœurs d’or ces deux guerriers !
Nina
Consigne 3 : La Nouvelle du Perroquet d’Arnaut de Carcassés (1230)
Mots imposés pour en rédiger la suite :
Beau parleur / Sans faute / Garni d’or / Soucieux d’amour / Pot de fer / Incendie
« Le meilleur chevalier qui fut jamais
Le plus distingué le plus épris
Antiphanor, le fils du roi.
Beau parleur et beaux atours,
Sera demain sans faute
À vos pieds pour votre main.
Je suis ici pour la nouvelle
Mais aussi pour jouer son préambule.
Ô dame aux yeux garnis d’or
Ces pierres dont mon amour est peu soucieux
Ô cheveux blonds et bouche vermeille,
Vous ne savez toucher mon cœur
Cette voix d’ange que tout le monde célèbre,
Tombe dans mon cœur comme dans un pot de fer.
Quand je vous mire, point d’incendie
Je ne suis pas sensible à votre charme
Et ce n’est pas en vous découpant
Que je vous montrerais ma passion !
Dame, qu’importe votre minois,
Ce sont vos mots,
votre esprit et votre âme
qui ont pénétré la maille de mon cœur.
(Nina)
Réponse de la dame
au perroquet venu vanter les mérites
d’Antiphanor, le fils du roi :
« Beau parleur à queue d’émeraude
Pourquoi écouterai-ici
Les fleurettes d’un volatile en maraude
Je suis Dame Jolie de Mantes et de Poissy
Répète sans faute à ton prince
Tout garni d’or et de plumage
Que l’amant soucieux d’amour évince
Les entremetteurs, même de haut ramage »
A ces mots, l’oiseau couleur d’incendie
S’envole au-dessus du rempart.
« Dame ! Dieu me sauve ! roi maudit
Qui m’ensorcela et me fit ovipare … »
Car Antiphanor, c’était lui :
Le pot de fer était coupe en rubis.
Blandine.
Consigne 4 : La complainte du chevalier déchu
Christophe Tarcos, poète « Caisse »
Œuvre d’art à la cristallerie de Saint-Louis en Moselle
(souvenirs de Zortitchak)
Un être de cristal
Qui ne se brise pas
En tombant
Mais qu’importe sa persévérance
Le regard d’autrui
Passe à travers lui
Sans que leur
Vision du monde ne
Se transforme.
Un être de cristal
Qui ne se fissure pas
Au moindre cri
Tailler, limer,
Sa transparence surpasse
Tout autre, sans briller.
La lumière
Passe à travers
Comme les regards.
À quoi sert-il
Ce chevalier de glace ?
Là sans être là,
Résistant mais invisible
Ce n’est que si on le casse
Que la lumière dérive,
Que le e paysage
Se fend pour les regards.
Que se passe-t-il ?
Comment sommes-nous
Arrivés là ?
Cher être de cristal,
Tu ne le méritais pas.
(Nina)
Dans le sein de la terre,
pauvre chevalier devenu pierre,
ton squelette de fer s’est fait la maille
tandis que chacune de tes côtes,
détricotée par les lombrics et les insectes xylophages,
sont devenues aussi frêles que les membranes
des dernières feuilles rouges de décembre.
Dans le sein de la terre
chut et choit encore le chevalier choisi
pour aller tailler du Maure jusqu’à
la mort, pour quel amor ?
La fin’amor, la pierre fine ou barocco
Dans le sein de la terre
Chantonne le chaton de la bague.
Un anneau d’or serti sans un cabochon de cristal.
Cristal de roche dans le Saint des saints,
parfois poli parfois aigu aux angles sans reflets,
tant que la lumière chatoie ailleurs que sous l’humus
où gît l’humérus et le cubitus
du preux chevalier de ma complainte.
(Blandine)
Consigne 5 : ça date ! ou sa date ?
Saint-Louis, né le 25 avril 1214
Utilisez la combinaison des chiffres de son anniversaire : 2.5.0.4.12.14
Louis II,
Louis V dans la lignée
quand meurt
le roi Louis IV,
Douze louis d’or dans l’escarcelle du Dauphin trop petit
Louis XIV, l’Etat, c’est Lui, le soleil aussi, et sa magnificence !
Utilisez la combinaison des chiffres de son anniversaire : 14.12.4.0.5.2
Quand vint le temps des frimas et du brumeux givre
Des capuchons blancs couvrent les divinités :
Versailles vide,
Désert
Où les eaux se taisent
Sans armure.
(bb)
En comptant les syllabes
2 Date
5 Le temps est limpide
0 Creux
4 Qui ne se couche
12 Qui ne s’écrit ne se perd dans le vaste lieu
14 Les non-dit plie le tissu, les Maillons de fils se tordent.
Tordu il se resserre pour former des images nues, de chance, de souvenirs, d’emphase
(Nina)
Le rituel des choses qui …
…font rire en fin d’atelier (consigne de hasard !)
Les blagues qui ne portent pas la poisse
le riz qui crépite pour accompagner la poésie
les chapeaux faits maison
(bb)
Le sourire infini de Delphine
La coiffe qui décoiffe
Les jeux de mots électriques
Les hasards inespérés mais pas si rares
Les clins d’œil entre texte
N
Le rituel des choses …qu’on sort de sous l’armure dans un atelier d’écriture
Fastoche ! la philo !
La sincérité sans loup
La poésie libre
(bb)
Les hapax de notre vie
Les duos lettrés impensables
Les rires accompagnés de fatigue
Des éternuements muets
Nina
Atelier du 28 avril : Ecrire le silence
Mise en voix :
Silence, lancinant, lance, élancé, cadense, présence, ranse, carence, balance, s’élancer,
lanciner, lentement, lent, éléphant, remplacer, plantation, planter.
(Nina)
Silence, cloche barrée, bourdon, cloche à la volée, vibration, souffle, tête sour l’eau, oreilles,
Emerger, apnée, dos crawlé
(Blandine)
Le dernier mot des autres : hélice - « train de nuit » - aspirateur – chouquette – iceberg - strident
Consigne 2 : « Bruit de fond » Imaginer une scène de rue en recherchant les bruits les plus infimes
(et donc effacer les plus sonores).
Les craquements des feuilles sous les pas, la course peu agile d’un bambin, les pigeons qui roucoulent,
Les corbeaux qui croassent, le vent qui s’enfile dans les manteaux, les soupirs des clients dans la queue,
Une pièce tombée d’une poche, ses propres poumons essoufflés, la friction du gravier
sous les roues d’une trottinette, un chien qui éternue
(Nina)
Terrasse côté bassin, le bruit presque inaudible du moustique tigre, le vent dans l’arbre-chanteur crépitant de ses graines, frou-frou des bambous, cloche si lointaine de la Vierge Noire à la Rivière des Pluies, un ou deux chiens en écho derrière la ravine, aucun bruit de moto dans l’allée, pas un pas sur le dallage, le chat qui miaule faux
en voyant repasser le moustique tigre.
(Blandine)
Consigne 3 : offrir un bruit à l’autre pour écrire son texte : amplifier un son pour en faire le cœur de notre histoire
« le plop-plic des gouttes de pluies sur l’auvent de la terrasse » donné par Marie :
4h du matin, à peine sorti du bus ; la pluie s’était arrêtée. Elle ne tombait plus des nuages
pour tomber sur la dame au chapeau déjà trempé. Celle-ci avançait, doucement, sans montre mais à l’heure, grâce à l’habitude et aux restes brumeux qui s’écoulaient dans rigoles et gouttières.
Une pulsation aquatique des secondes humides et peu en cadence pour cette femme, ces gouttes étaient des camarades matinales. Les seules passantes qu’elle risquerait de croiser jusqu’à son arrivée à la petite école. Le porche apparaît, interrogé par un réverbère balbutiant. Il allait falloir attendre sur la marche ; la course folle de l’eau avait déréglé son horloge interne. La femme se mit sur le béton, sauvée de l’humidité du lieu et écouta le plop-plic des gouttes de pluies sur l’auvent.
(Nina)
« Les bulles qui éclatent dans mon Perrier citron » donné par Julianne :
La place est vaste, remaniée par Buren dans les années 80. Lorsque j’étais adolescente, elle était semblable à ce décor noirâtre que j’ai revu récemment dans L’horloger de Saint-Paul, à la disparition de Bertrand Tavernier. Les chevaux de bronze galopaient encore en vis-à-vis de l’hôtel de ville, leurs sabots palmés soulignant la divinité du conducteur Poséidon.
Maintenant la lourde de fontaine dessinée par Bartholdi a pris sa liberté, pivotant au centre de la place. Les naseaux chevalins transpirent leur buée en direction du palais Saint-Pierre et du musée des Beaux-Arts.
Assise à la terrasse, je cherche à peindre au plus près les muscles qui caracolent, les jambes en ruades d’eau.
Pour peindre à l’aquarelle, une chaise et une table de bistro, cela suffit. Des grilles de protection dessinent un quadrillage comme dans les manuels de dessin, pour apprendre à organiser sa feuille, c’est pratique.
J’ai tout : pinceau, aquarelle, carnet de voyage et… J’ai oublié l’eau. Alors je bois juste une gorgée, qui tambourine en minuscules bulles métalliques dans ma bouche. Ça vrille, elles pétillent, les bulles qui éclatent dans mon Perrier citron font un dernier feu d’artifice avant que je dévie leur ascension en troublant la boisson d’un pinceau noir de Terre de Sienne.
(Blandine)
Consigne 4 : Ch…. ! de l’art de faire résonner une consonne fricative post-alvéolaire sourde.
Choqué par cette échappée des sens, notre cher artichaut n’a pu chasser de chacune de ses pensées l’ombre chinoise de sa charmante amante.
(Nina)
Ce samedi soir à 7h, trop pressé d’aspirer sa soupe d’aspics trop chaude, Chen* s’est échaudé la bouche. Chen est chinois de Mandchourie, autrement dit Mandchou. Il lui échoit chaque fois que son chef l’en prie de se charger de cuisiner des mets de choix. Bonne chère pour le général sanguinaire et sa chérie, mais rien pour lui.
Tandis que l’empire nippon échoue aux confins de la Chine, Chen voit déchoir le Mandchoukouo sans pouvoir piper mot, lui le cuistot dont on a arraché l’organe du charlatan et du lécheur de pots.
*personnage du roman La langue et le couteau, de KWON Jeong-hyun
(Blandine)
Consigne 5 : poème fondu jusqu’au silence… Café néon et autres îles - chemins grecs.
L’un voit les années,
L’autre leur beauté
De telle sorte que l’étrange hasard trempant dans le bouillon d’un monde
Est un cadeau aimé par la vie.
L’étrange est le promontoire de l’existence.
(Nina)
L’huile de l’un
Les oignons de l’autre
Olives Duchamp
Bouillon du hasard
Etrange bloc des années
Maison de passe
Des êtres de joie
Existence grecque
Etrange kakavia
Je grégaire
Envier l’exil
Avoir aimé
Treize îles comme un mot.
(Blandine)
Le rituel des choses qui se partagent agréablement pour briser un silence gênant :
La croyance folklorique du silence en vain
Un pain qui croustille
Un verre : bulles de sauvetage
(Nina)
Dehors :
Un sourire si on n’a pas de masque
Un petit mot sur le vent ou la pluie
Une proposition d’aide pour trouver le bon arrêt de bus
Chez soi :
Le torchon de vaisselle
Le dernier cookie
Le code Netflix
(Blandine)
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